Plus de 665 000 entreprises individuelles ont été créées en France cette année, un record historique qui témoigne de l’engouement croissant pour l’entrepreneuriat. Mais derrière cette dynamique se cache une réalité moins reluisante : près de 40% des créateurs d’entreprise regrettent leur choix de statut juridique dans les deux premières années.
Entre la SARL, forme classique rassurante, et la SASU, structure moderne aux divers avantages, le choix n’est pas si évident.
Car si créer son entreprise n’a jamais été aussi accessible administrativement, opter pour le bon statut juridique reste déterminant pour la suite. Fiscalité, protection sociale, responsabilité, évolution future : chaque forme juridique présente ses spécificités, ses atouts et ses contraintes. Une décision qui mérite réflexion tant elle conditionne la réussite du projet entrepreneurial.
Testmonjob revient sur ces deux statuts phares de l’entrepreneuriat français, leurs différences concrètes et les critères essentiels pour faire le bon choix selon votre situation.
L’entreprise individuelle domine les statuts d’indépendant
- 1 L’entreprise individuelle domine les statuts d’indépendant
- 2 Les sociétés unipersonnelles offrent plus de flexibilité
- 3 Les responsabilités et les impositions par statut
- 4 Quels critères déterminent le choix optimal du statut juridique ?
- 5 Pourquoi la protection sociale diffère entre SASU et SARL ?
- 6 Marie (Angers) « J’ai opté pour une EURL afin de protéger mon patrimoine personnel »
- 7 Auto-entrepreneur ou société : quel statut choisir ?
L’entreprise individuelle (EI) se distingue par l’absence de seuil de chiffre d’affaires, offrant une liberté totale aux entrepreneurs. Cette forme juridique impose des cotisations sociales d’environ 45 % du résultat annuel, avec une imposition directe sur le revenu. Depuis le 15 mai 2022, la protection du patrimoine personnel s’est renforcée grâce à la séparation automatique entre patrimoine professionnel et personnel.
L’entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL) protège davantage le patrimoine personnel, empêchant les créanciers de saisir les biens privés de l’entrepreneur. Le régime EIRL a été officialisé le 14 février 2022, avec des restrictions sur le transfert du patrimoine affecté depuis le 16 février 2022. Cette évolution législative renforce la sécurité juridique des indépendants.
La micro-entreprise simplifie drastiquement les démarches administratives avec des obligations comptables réduites : livre-journal des recettes et conservation des factures pendant 10 ans. Les seuils de chiffre d’affaires fluctuent selon l’activité :
- 34 400 € pour les prestations de services
- 85 800 € pour les activités de vente
- 72 600 € maximum annuel brut pour les services
- 176 200 € maximum pour l’achat-revente
Les sociétés unipersonnelles offrent plus de flexibilité
Le choix entre SARL ou SASU dépend largement des objectifs fiscaux et sociaux de l’entrepreneur. La SASU permet une création sans capital social minimum, avec un président affilié au régime général de la sécurité sociale. L’imposition s’effectue par défaut à l’impôt sur les sociétés, mais une option pour l’impôt sur le revenu reste possible.
L’EURL fonctionne avec un associé unique et offre la possibilité d’évoluer vers une SARL multi-associés. L’imposition par défaut s’applique à l’impôt sur le revenu, avec une option pour basculer vers l’impôt sur les sociétés selon la stratégie fiscale choisie. Cette flexibilité permet d’adapter le régime fiscal à l’évolution de l’activité.
Le portage salarial constitue une alternative originale avec une relation contractuelle tripartite. Plus de 10 000 consultants utilisent actuellement ce statut, limité à 20 jours travaillés par mois maximum. Le salarié porté bénéficie de droits sociaux complets tout en conservant une autonomie entrepreneuriale.
Les responsabilités et les impositions par statut
Les différences entre statuts juridiques se cristallisent autour de trois critères majeurs : la responsabilité financière, le régime d’imposition et les contraintes de capital. La responsabilité limitée au patrimoine professionnel caractérise désormais l’entrepreneur individuel, tandis que les sociétés limitent la responsabilité au montant des apports.
| Type d’entreprise | Capital social | Nombre d’associés | Responsabilité financière | Imposition des bénéfices |
|---|---|---|---|---|
| Entrepreneur individuel (EI) | Non concerné | Non concerné | Limitée au patrimoine professionnel | IR, option IS possible |
| EURL | Libre | 1 | Limitée aux apports | IR, option IS possible |
| SARL | Libre | 2 à 100 associés | Limitée aux apports | IS, option IR possible |
| SASU | Libre | 1 | Limitée aux apports | IS, option IR possible |
| SAS | Libre | 2 minimum | Limitée aux apports | IS, option IR possible |
| SA | 37 000 € | 2 min (non cotée) / 7 min (cotée) | Limitée aux apports | IS, option IR possible |
Les sociétés en nom collectif (SNC) et en commandite exposent leurs associés à une responsabilité solidaire et indéfinie sur leurs biens personnels. Cette responsabilité illimitée contraste avec la protection offerte par les autres statuts, expliquant leur usage plus restreint dans l’écosystème entrepreneurial français.
Quels critères déterminent le choix optimal du statut juridique ?
La nature de l’activité exercée influence directement le choix du statut juridique. Les professions libérales réglementées nécessitent souvent des statuts spécifiques imposés par leurs ordres professionnels, tandis que les activités commerciales bénéficient d’une plus grande liberté de choix. Les métiers artisanaux peuvent opter pour l’entreprise individuelle ou les sociétés unipersonnelles selon leurs besoins de financement et de développement. Certaines activités, comme l’assurance ou la banque, exigent des formes sociétaires particulières avec des capitaux minimum élevés.
Le niveau de revenus attendu constitue un facteur déterminant dans la sélection du régime fiscal optimal. Au-delà de 40 000 euros de bénéfices annuels, l’impôt sur les sociétés devient généralement plus avantageux que l’imposition sur le revenu grâce au taux réduit de 15% sur les premiers 42 500 euros. Les entrepreneurs anticipant une forte croissance privilégient souvent la SASU pour sa flexibilité fiscale et sa capacité à réinvestir les bénéfices dans l’entreprise. La progressivité de l’impôt sur le revenu pénalise les hauts revenus, rendant l’IS plus attractif pour les activités lucratives.
Les perspectives d’évolution et d’association modifient substantiellement l’équation du choix statutaire. L’entrepreneur envisageant l’entrée de futurs associés privilégiera la SASU plutôt que l’EURL pour éviter les contraintes de transformation ultérieure. Les projets nécessitant des levées de fonds orientent naturellement vers les formes sociétaires, seules capables d’accueillir des investisseurs externes. La transmission d’entreprise s’avère également plus souple avec les sociétés, permettant des cessions partielles d’actions sans remettre en cause la continuité de l’activité.

Les dirigeants n’évoluent pas dans le même univers social selon leur structure. Le gérant majoritaire de SARL rejoint les rangs des travailleurs non-salariés, tandis que le président de SASU bénéficie du statut d’assimilé salarié. Cette distinction n’est pas qu’une question de terminologie : elle dessine deux parcours de protection sociale aux contours bien différents.
La facture sociale révèle un paradoxe apparent. Les cotisations pèsent davantage sur les épaules du dirigeant de SASU, mais cette charge supplémentaire ouvre les portes d’une couverture sociale plus généreuse. Maladie, retraite, maternité : le régime général de la Sécurité sociale déploie son parapluie protecteur avec une ampleur que le régime TNS n’égale pas.
L’architecture juridique trace elle aussi sa ligne de démarcation. La SASU évolue en eaux libres, offrant une flexibilité dans l’organisation et la gestion qui contraste avec le cadre plus rigide de la SARL. Cette dernière impose son formalisme, ses règles strictes, là où sa cousine unipersonnelle cultive la souplesse.
L’avenir dessine un dernier contraste entre ces deux formes. L’évolution vers une SAS pluripersonnelle s’apparente à une promenade depuis une SASU, quand la transformation d’EURL vers SARL multi-associés ressemble davantage à un parcours d’obstacles. La voie est tracée différemment selon le point de départ choisi.
Marie (Angers) « J’ai opté pour une EURL afin de protéger mon patrimoine personnel »
Je me suis lancée dans la création de mon entreprise après avoir découvert les ressources disponibles sur les plateformes d’entraide où 385 000 membres partagent leurs expériences entrepreneuriales. L’accompagnement par la BGE locale m’a permis de structurer mon projet, notamment pour choisir entre une EURL et une SAS. J’ai opté pour l’EURL qui protège efficacement mon patrimoine personnel tout en restant adaptée à mon statut d’associée unique.
La formation dispensée par la CCI m’a été particulièrement utile pour maîtriser les aspects comptables et l’étude de marché. L’ACRE accessible désormais à tous les créateurs m’a permis de bénéficier d’une réduction de charges sociales dès la première année. Cette aide gouvernementale, contrairement aux idées reçues, ne nécessite plus d’être demandeur d’emploi pour en bénéficier.
Durant ma première année d’activité, j’ai pu maintenir mes allocations chômage tout en développant progressivement mon chiffre d’affaires. Le site economie.gouv.fr m’a fourni des informations précises sur les différents statuts juridiques, me permettant d’éviter la complexité d’une SA qui aurait nécessité un capital plus important et des contraintes administratives supplémentaires.
Auto-entrepreneur ou société : quel statut choisir ?